La promesse du fleuve by Annie Bacon

La promesse du fleuve by Annie Bacon

Auteur:Annie Bacon [Bacon, Annie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
ISBN: 9782362315848
Éditeur: Castelmore
Publié: 2019-09-11T04:00:00+00:00


Chapitre 9

Le jeune garçon se présente sous le nom de Carib ; il entraîne les voyageurs au cœur de son île, laissant le Grumeau seul derrière. Le sol est recouvert de mousse de sphaigne et s’enfonce un peu sous les pieds, mais la couche du dessous est ferme. Seuls les palétuviers en pourtour rappellent que le marais n’est pas loin.

Ils arrivent à une grande table entourée de chaises faites de branches et de lianes tressées. Carib porte deux doigts à sa bouche pour siffler trois notes. Aussitôt, des dizaines d’enfants accourent. Les plus vieux sont en pleine adolescence alors que les plus jeunes n’ont pas l’âge de marcher. Leur peau présente différentes teintes de turquoise, certains tendant plutôt vers le bleu, d’autres le vert, d’autres encore arborant les deux couleurs en motifs chamarrés. Il en va de même pour leurs crânes, dégarnis par endroits, chevelus à d’autres, ainsi que de leurs mains parfois griffues, parfois palmées et parfois les deux à la fois. Ils s’agglutinent sur les chaises ou grimpent sur la table pour mieux voir les nouveaux arrivants. Ils doivent être une vingtaine, tous issus d’un parent natoogash, et d’un parent uzu.

— Vous vivez seuls sur cette île ? demande Dammal, qui y reconnaît un écho de sa propre adolescence, les compagnons en moins.

Carib lui répond, soutenu par les hochements de têtes des autres métis :

— Les plus grands s’occupent des plus jeunes jusqu’à ce qu’ils soient assez autonomes pour s’occuper des autres à leur tour. Dès qu’un bâtard naît dans le marais, il est déposé ici secrètement et déclaré mort-né dans le village.

— Mais comment est-ce possible ? demande Babette. De telles naissances alors que ces deux peuples se détestent… ?

— Vous savez, explique une fille au visage bariolé de vert et de bleu, ce sont les peuples qui se haïssent, pas les gens ! Du moins, pas chacun… pas toujours.

— Nous sommes nés d’amours interdits, résume Carib.

— Mais d’amour quand même ! s’exclame le reste de la troupe à l’unisson, comme s’il s’agissait d’un cri de ralliement.

Anya prend la main de Lilou : elles en connaissent un brin sur les caprices du cœur.

— Et il ne vous manque rien ? s’inquiète Babette, toute prête à partager les réserves de nourriture qu’ils ont apportées sur la barge.

Carib fait un signe de dénégation.

— L’île est fertile, et nos parents nous apportent des offrandes en cachette.

— J’ai vu ma mère, une fois ! claironne un tout petit au teint vert et à la tête dégarnie.

— Et comment tu sais que c’était la tienne ? demande un jaloux à l’arrière.

— Parce qu’elle était la plus jolie !

Un adolescent les fait taire, puis signifie à Carib de continuer.

— Ils nous abandonnaient sans doute pour qu’on meure, au début… mais on s’est organisés. Ils doivent désormais accepter que certaines hontes ne disparaissent pas si facilement. Survivre, c’est un peu notre manière de contrecarrer leurs plans !

D’une toute petite voix, Lilou demande :

— Vous disiez que l’île est fertile… Vous avez des jardins ?

Une fillette aux cheveux en épis propose à la jeune femme de lui montrer leurs carrés de légumes.



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